L’alimentation animale et ses pièges

Nos aliments sont-ils sûrs ?

La conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire (Rome 03-05 mai2007) a défini ce qu’était la sécurité alimentaire : celle-ci est « assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine ».

Des poisons dans les aliments ?

De nombreux produits toxiques sont susceptibles de se trouver dans l’alimentation comme les pesticides, la dioxine, le prion de l’ESB (maladie de la vache folle), les métaux lourds… On se limitera pour ce dossier à un état des lieux concernant les antibiotiques et les hormones.

Les antibiotiques dans l’alimentation [1]


Dans les élevages, les antibiotiques ont trois usages : curatif, préventif et additif.

  • Curatif : ils servent tout d’abord à soigner les animaux malades : mammite, infection bactérienne contagieuse…
  • Préventif : on traite tout le troupeau quand un animal présente une infection bactérienne
  • Additif : l’emploi d’antibiotiques en doses très faibles aux aliments des animaux sains sert à une croissance accélérée du bétail (facteurs de croissance) ;  c’est un sujet controversé depuis plusieurs années.

Il faut distinguer la période avant  et après 2006 en ce qui concerne les antibiotiques utilisés comme facteurs de croissance…[2]

Le magazine « La Recherche » de novembre 1998 disait que « pratiquement tous les cochons, tous les dindons, tous les veaux, deux poulets sur trois, et un tiers des bovins à viande reçoivent des aliments supplémentés par des additifs antibiotiques ». utilisés comme facteurs de croissance. L’intérêt de leur utilisation pour les éleveurs, c’est que les animaux ont besoin de moins manger et que leur croissance est accélérée jusqu’à 9%. Ca fonctionnerait par inhibition de la flore intestinale…

Seuls les aliments issus de l’agriculture biologique et ceux qui sont labellisés n’utilisent pas d’additifs.

Après 2006 : des progrès…

L’Union européenne a décidé d’interdire l’usage d’antibiotiques comme facteurs ou promoteurs de croissance (sous forme d’additifs) à partir de 2006 seulement.

Mais ils sont toujours utilisés aux USA, au Canada, au Brésil, en Australie, en Chine…[3]

Les Suédois ont interdit tous les additifs en 1986 !

Le problème est que l’utilisation des antibiotiques à titre préventif a augmenté dans les élevages intensifs.

Prend-on suffisamment de précautions ?

D’après la législation, l’éleveur doit tenir compte de la durée entre la dernière prise de l’antibiotique et la mise en vente de l’animal pour diminuer la présence des résidus (métabolites subsistant dans la viande de l’animal à qui on a donné un antibiotique).

Les seuls antibiotiques autorisés par la Communauté européenne sont différents des antibiotiques à destination humaine. Cette interdiction n’est pas appliquée aux USA…. où l’on utilise par exemple de la pénicilline.

Quels sont les problèmes engendrés par l’utilisation des antibiotiques ?

  • Les résidus d’antibiotiques dans la viande ou le lait de l’animal peuvent  passer  dans l’assiette du consommateur.
  • Les bactéries des animaux deviennent résistantes aux antibiotiques et peuvent transmettre cette résistance aux bactéries humaines qui deviennent ainsi insensibles à certains traitements antibiotiques. Même s’ils sont différents des médicaments à usage humain, des expériences ont montré une transmission possible de résistance.
  • Cette  transmission de résistance par les bactéries pathogènes des animaux se fait de multiples façons : par les eaux usées, par la chaine alimentaire,  la consommation directe par les crudités (infections alimentaires, comme les gastro-entérites) introduisant le gène de résistance dans les bactéries de l’intestin de l’homme.
  • Quelques produits dont on a constaté qu’ils entraînent des résistances :

l’avoparcine, les fluoroquinolones, les macrolides(tylosine, spiramycine ), la virginiamycine… Ils peuvent donner des résistances croisées avec des antibiotiques médicaux (vancomycine, érythromycine, pristinamycine) ou favoriser l’apparition de résistance (aux salmonelles par exemple)

  • Ce sont des toxiques qui s ‘accumulent et dont les effets peuvent se faire sentir plus tard…

Quelles solutions ?

On devrait encourager d’autres modes d’élevage avec moins de protéines dans l’aliment, une hygiène plus rigoureuse, un élevage moins intensif…

Les hormones dans les élevages

La réalité

Les hormones stéroïdes sexuelles ont été interdites à partir de 1988 dans les pays de la communauté européenne. Mais le contrôle est difficile : de nouvelles hormones apparaissent et des traces d’hormones sont retrouvées dans les viandes.

Des produits non autorisés sont utilisés dans les élevages. L’hormone de croissance ou somatotrophine (qui augmente la masse musculaire de l’animal et la production de lait de 15 à 20%) se retrouve dans le lait de vache à l’état de traces.

« Les commerces frauduleux suivent leur cours, au nez et à la barbe des services vétérinaires, qui préfèrent ne rien voir » (Marianne, 1999).

La législation

La directive de 2008 du Parlement européen autorise six spécialités vétérinaires d’hormones (injection exclusive par un vétérinaire) pour un usage thérapeutique:

  • Les bêta-agonistes
  • La progestérone
  • La testostérone
  • Les progestagènes
  • Les androgènes
  • Les oestrogènes (à l’exception de l’oestradiol interdite)

L’agriculture biologique

Les règles européennes interdisent, depuis 2009,  dans les traitements vétérinaires en élevage biologique [4]:

  • Les hormones et leurs analogues, y compris en vue de maîtriser la reproduction (induction et synchronisation des chaleurs),
  • Les médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse et les antibiotiques en prévention,
  • Les substances destinées à augmenter la croissance comme les antibiotiques en additifs, les coccidiostatiques…,
  • Les tranquillisants avant et durant un transport.

Sont autorisés comme traitement (curatif ou préventif) :

  • Les produits homéopathiques, de phytothérapie, les vitamines, les minéraux et les oligoéléments « à condition qu’ils aient un effet thérapeutique réel ».
  • En recours, « sous la responsabilité d’un vétérinaire », des antibiotiques ou des médicaments chimiques de synthèse si la phytothérapie et l’homéopathie sont inefficaces et « si des soins sont indispensables pour épargner des souffrances et une détresse de l’animal malade ou blessé ».
  • Les vaccins  (y compris ceux  à base d’OGM).

Le nombre de traitements curatifs ou préventifs autorisés sur un animal est au maximum  de trois traitements en un an pour les animaux à durée de production longue (bovins surtout), d’un seul traitement pour les animaux abattus avant l’âge d’un an.

En cas de traitements supplémentaires, les animaux ne sont plus considérés comme  d’origine biologique.

En bref : caractéristiques de l’élevage biologique

  • La croissance de l’animal n’est pas accélérée.
  • Les animaux sont élevés « en liberté » et se nourrissent de foin. , sans produits dérivés d’animaux.
  • Par ailleurs : les pesticides chimiques (insecticides, fongicides, désherbants etc.) sont interdits ainsi que les engrais chimiques. L’azote est d’origine organique (à base de compost).
  • La prévention est basée sur la sélection de races rustiques ou locales résistantes aux maladies et sur la conduite d’élevage (densité, normes, règles d’hygiène).

Les failles de la Directive européenne concernant l’agriculture biologique

  • Les traitements antiparasitaires ne sont pas limités en nombre
  • La condition d’âge minimal d’abattage n’existe pas pour le porc ; elle est de 71 jours pour les poulets (81 jours pour le Label rouge !)
  • Une règle peu claire sur l’origine des fumiers
  • Le taux d’OGM autorisé jusqu’à 0,9% …

Une nouvelle marque : Bio Cohérence

  • Applique le règlement européen
  • Mais interdit toute trace d’OGM
  • Produits et fermes 100% bio.

Se reporter à l’article d’avril 2010  https://natuvie.wordpress.com/2010/04/

et à Bio-Consommacteurs 

http://www.bioconsomacteurs.org/page.php?page=blog&id=2836&type=enjeux


Elisabeth


[1] D’après Québec Science (2001) : la moitié des antibiotiques mondiaux est utilisée pour l’agriculture

[2] Directive 2008/97/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008

[3] « Bidoche », de Fabrice Nicolino. Ed. Les Liens qui libèrent, 2009

[4] Arrêté du 5 janvier 2010 portant homologation du cahier des charges concernant le mode de production biologique d’animaux d’élevage et portant application du règlement (CE) n° 834/2007 modifié du Conseil et du règlement (CE) n° 889/2008 modifié de la Commission et les complétant (JO 15/1/10).

4 Réponses

  1. Je ne sais pas quelle est « l’orientation » de cet article. S’il s’agit d’un article destiné à vanter les avantages comparatifs de l’agriculture biologique pourquoi pas mais le « traitement » est quand même succinct (même si ce n’est pas faux) ; la remise en question d’un certain modèle de production me paraît pour ma part plus fondamental que de stigmatiser un produit – la viande – issu de ce modèle. De même qu’un discours sur le comportement alimentaire carné me paraît souhaitable (car consommer beaucoup de viande-fut-elle- biologique ce n’est souhaitable ni pour la santé, ni pour l’environnement. C’est la difficulté de ce type d’article qui n’aborde que très partiellement une problématique avec le risque de générer des interprétations qui ne sont pas nécessairement dans l’objectif de ses auteurs.
    Pour répondre plus directement à ta question, je pense que les références nutritionnelles devraient être abordées (apports spécifiques de la viande ax plans acides aminés et vitaminiques notamment, comparatif avec autres sources protéiniques d’origine animale ou végétale, intérêt dans l’équilibre alimentaire…) Car tous nos choix sont de fait dictés par une analyse comparée avantages-inconvénients…

    • Cet article ne prétendait qu’à apporter des informations sur l’utilisation des antibiotiques et des hormones dans l’élevage en France. Il ne s’agissait ni de décourager les gens de manger de la viande, ni de les encourager non plus…
      Un précédent article rappelait les bienfaits de l’apport des protéines végétales :

      Lettre naturopathique de Mars-Avril 2010


      Elisabeth

  2. Merci pour l’article je veux savoir est-ce que le regime citron fonctionne pour maigrir assez vite !

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